L’héroïne de Materialists est une matchmakeuse (agente matrimoniale) à New York. C’est un métier que vous avez vous‑même exercé ? Saviez‑vous déjà que vous alliez en faire un film ?
Oui, j’ai fait ça pendant six mois. Et je pense, en effet, que j’ai rapidement voulu transcrire cette expérience en film, parce qu’elle était incroyable ! Mes clients étaient tellement ouverts avec moi, bien plus qu’avec leur psy ! C’était une mine d’informations géniale. Ils me demandaient de leur trouver l’amour, et pour que j’y parvienne, ils étaient vraiment très honnêtes avec moi. Je crois que j’ai appris plus sur les gens, sur l’âme humaine, pendant ces six mois que dans tout le reste de ma vie.
Mais concrètement, qu’avez‑vous appris ?
Cette expérience m’a permis d’avoir des interactions intimes avec des gens qui ne sont pas issus du milieu artistique que je fréquente au quotidien, ce qui est assez rare pour moi, car je gravite dans ce monde depuis des années. Ce job alimentaire m’a vraiment sortie de mon milieu. En étant matchmakeuse, j’ai pu rencontrer des gens de l’industrie pharmaceutique, des scientifiques, des personnes qui travaillent en banque d’affaires… Des profils avec lesquels je n’aurais jamais échangé dans ma vie quotidienne. C’était très enrichissant pour mon travail de scénariste. Non seulement ça, mais ils ne restaient pas à la surface, ils allaient vraiment en profondeur et me confiaient des choses très intimes…
Vos trois acteurs principaux sont connus pour des franchises. Selon vous, Hollywood les considère‑t‑il comme des marchandises ou comme des personnes ?
Bien sûr, ils sont traités comme des produits, tout le temps… C’est pour cela que je pense que et Pedro (Pascal), Dakota (Johson) et Chris (Evans) sont parfaits pour le film. Ils savent exactement ce que ça fait d’être considéré comme une marchandise. Et c’est sans doute pour cela qu’il était important pour eux de faire ce film avec moi. Parce que moi, je les considérai comme des personnes, je travaille avec eux comme avec des personnes. Mais je sais bien qu’ils comprenaient leurs personnages de manière très intime. C’est ce que je recherchais.
En fait, votre film parle aussi un peu d’Hollywood ?
Oh oui, peut‑être… Mais à Hollywood, ce qu’on partage avant tout, c’est une passion. On met notre âme au service de cette passion. Et cela implique forcément des sacrifices.