Neuf films James Bond sont sortis en salles au cours des trente dernières années, et seulement trois d’entre eux font globalement l’unanimité : Goldeneye, Casino Royale et Skyfall (même si ce dernier compte quelques détracteurs).
Le cinéaste néo‑zélandais Martin Campbell est responsable des deux premiers, des films qui ont également servi d’introduction aux deux derniers acteurs en date à avoir endossé le rôle de 007. Autant dire que le metteur en scène sait de quoi il parle quand il s’agit de Bond.
« Bond n'a pas besoin d’un reboot »
Interrogé récemment sur ce qu’il conseillerait à Denis Villeneuve et au reste de l’équipe créative, Campbell ne s’est pas privé de répondre avec le franc‑parler qu’on lui connaît : « Ne réparez pas ce qui n’est pas cassé. Il n’y a pas besoin d’un reboot : il faut juste un sacré bon film Bond ! Si nous ressortions GoldenEye ou Casino Royale la semaine prochaine, ils seraient tout aussi percutants. Donc ne commencez pas à tout dérégler, en gros. Il reste énormément de terrain de jeu pour Bond, surtout vu l’état du monde en ce moment. J’espère simplement qu’ils ne vont pas casser quelque chose qui ne l’est pas ! ».
Pierce Brosnan, l'homme de la situation
Et de poursuivre : « Il n’y a pas aujourd’hui de candidat évident comme l’était Pierce. Pierce était le Bond parfait pour son époque ».
Goldeneye fête d’ailleurs cette semaine son 30e anniversaire. Campbell explique que la force du film tenait au fait qu’il ramenait l’humour qu'il manquait aux épisodes très sombres portés par Timothy Dalton. Il ajoute que Brosnan gérait très bien l’action, citant notamment ce plan célèbre où Bond ne cille presque pas (à 45 secondes dans la bande‑annonce) lorsqu’un coup de feu est tiré à quelques centimètres de lui : « L’essentiel avec Bond, c’est l’économie de mouvement, et il l’avait parfaitement comprise ».
« Daniel Craig n'était pas une star à l'époque »
Campbell, qui n’a décidément pas sa langue dans sa poche, conclut sur l’après‑Daniel Craig : « Daniel n’était pas "Daniel Craig" au moment où il a eu le rôle, et tout le mérite en revient à Barbara Broccoli qui a insisté pour que ce soit lui. Ce que vous recherchez, c’est un autre Daniel Craig, quelqu’un qui n’est pas forcément une star… Franchement, vous n’avez pas besoin d’une star. James Bond est la star, et le film est la star. Ils ont juste besoin de trouver un acteur formidable qui ait la bonne présence pour le rôle ».
Un discours plein de bon sens, à ceci près qu’en rendant Bond d’abord humain, puis mortel, l’ère Craig a tout de même pas mal écorné le mythe. Il serait peut‑être temps de revenir aux sources du personnage… On croise « les Walther PPK ».