par Jean-Baptiste Thoret
04 novembre 2019 - 18h02

Scarface

année
1983
Réalisateur
InterprètesAl Pacino, Steven Bauer, Michelle Pfeiffer, Mary Elizabeth Mastrantonio, Paul Shenar
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

1983. Après une poignée de films culte (Phantom of the Paradise, Carrie, Pulsions), Brian De Palma délaisse l’héritage hitchcockien et se lance dans le remake de Scarface, l’un des sommets du film noir réalisé par Howard Hawks en 1931. Mais loin de se contenter d’une adaptation fidèle, Brian De Palma, qui déteste la version de Hawks, et Oliver Stone (scénariste du film), vont signer une œuvre exaltée et excessive, flamboyante et sauvage. 

À travers l’histoire de Tony Montana (Al Pacino), réfugié cubain désireux de vivre coûte que coûte et jusqu’au bout le rêve américain, Scarface constitue une critique virulente des valeurs fondatrices des États‑Unis. L’argent, le pouvoir, les femmes faciles… Tony Montana veut tout ! Son envie d’atteindre le sommet est telle (le film s’achève symboliquement par sa chute dans une fontaine surplombée d’un globe sur lequel est écrit : « The World is Yours ») qu’il mettra tout en œuvre pour y parvenir. Tout (la drogue, le meurtre, les trafics) à l’exception de l’assassinat des enfants d’un diplomate, séquence‑clé du film, refus qui sera à l’origine de son déclin.

Al Pacino livre sans doute l’une de ses performances les plus ahurissantes : cabot, téméraire, paranoïaque, il finit la tête plongée dans une montagne de coke avant de lutter seul contre une armée d’assaillants dans sa villa de Miami. Le jeu de Pacino, progression inexorable vers une hystérie qui le perdra, rappelle moins celui de Paul Muni (le Scarface de Hawks) que celui de James Cagney (acteur préféré de Kubrick), interprète proche du délire dans L’enfer est à lui de Raoul Walsh.

Mis en musique par Giorgio Moroder (Flashdance), compositeur phare des années 80, Scarface déroule les séquences d’anthologie. Depuis l’éprouvant massacre à la tronçonneuse dans une baignoire de l’un des frères d’armes de Montana jusqu’au final, mélange de violence, de barbarie et de folie. C’est enfin le film qui révélera Michelle Pfeiffer, incarnant ici une camée de luxe livrant son corps au plus offrant. Un chef‑d’œuvre.

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4k
blu-ray
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- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
16/10/2019
image
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS 2.0
Anglais DTS:X
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Anglais DTS 2.0
Russe DTS 2.0
Hongrois DTS 2.0
Polonais DTS 2.0
sous-titres
Français, anglais, néerlandais, danois, finnois, norvégien, suédois, russe, tchèque, hongrois, polonais, grec, roumain
10
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Splendide même s'il reste de légers fourmillements et plans larges typiques de l'époque, pas aussi nets et définis qu'aujourd'hui. Si quelques scènes faisaient auparavant preuve d'une certaine douceur, ce 4K (Digital Intermediate 4K) au HDR pourtant pas démentiel (certaines scènes encore un peu sombres) élève le débat à un niveau jamais atteint par le film tout en gardant l'effet organique d'origine.

 

Les couleurs sont les grandes gagnantes de cette remasterisation 4K à partir des originaux 35 mm, avec des teintes tout bonnement inédites. Les rouges, omniprésents dans le film, le bleu du ciel et de la mer, les papiers peints impression soleil couchant, les néons de Miami, les tenues et les décors flashy des Eighties, tout est plus vibrant, plus intense, plus fort. Il en va de même pour les noirs (et les blancs) parfaitement dosés, procurant une totale immersion dans le film au point de sentir littéralement la sueur perler sur le front de Montana.

 

Un rendu et une fraîcheur qui ne déplairont pas aux plus jeunes. Les personnages et les décors gagnent une stature inégalable, magnifiant la moindre des séquences (des gros plans aux paysages de Bolivie). L'effet baroque du film n'en est que décuplé. Jamais too much. Magnifique.

10
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son

La précédente VO DTS‑HD Master Audio 7.1 proposait déjà un relief appréciable, cela monte encore d'un cran avec cette VO DTS:X réalisée à partir des bandes quatre pistes d'origine, parfaitement à l'aise lors des fusillades et ultra‑dynamique. Tout juste pouvons‑nous noter une légère agressivité par moments.

 

Les détonations font vibrer toute la pièce, les basses sont surprenantes et la partition de Giorgio Moroder montre une fois de plus son inventivité. Le tout parfaitement équilibré et actif sur toutes les enceintes. Une vraie surprise qui ne fait absolument pas son âge et qui transcende l'esprit du film. Note maximum méritée.

10
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bonus
- Retrouvailles 35e anniversaire, le 19 avril 2019 (24')
- Le phénomène Scarface (38')
- Le monde de Tony Montana (12')
- La renaissance (6')
- L'interprétation (15')
- La création (30')
- Scènes coupées (22')
- Scarface : la version télé (3')
- Blu-Ray du film et bonus (3')
- Film de 1932 (92') pour la première fois en Blu-Ray et sa version alternative censurée (95') avec introduction de l'historien du cinéma Robert Osborne (2') et fin alternative (10') (92/95')
- Réplique de la statue du film The World Is Yours

Des compléments que l'on connaissait tous ou presque des précédentes éditions DVD Collector et Blu‑Ray. Le phénomène Scarface revient par exemple sur la controverse suscitée par le film à sa sortie à travers différents témoignages. Le réalisateur Brian De Palma, le producteur Martin Bregman, le réalisateur Eli Roth et des membres de l'équipe reviennent sur le contexte social qui agitait alors Miami, ravagé par les cartels de la drogue. Un sujet bouillant à l'époque.

 

Les scènes coupées dévoilent quant à elles les quelques secondes avant et après le clap : instants furtifs précieux où l'on capte l'ambiance de tournage, la concentration des comédiens…

 

Dans les autres modules, le premier « super‑héros de la drogue » est à l'honneur. Un policier interviewé déclare : « Si l'argent de la drogue avait été retiré de Miami à l'époque, l'État aurait coulé… ». Une période édifiante qui engendrera deux ans plus tard la série TV culte de Michael Mann, Miami Vice.

À ne pas louper non plus, Steven Bauer se souvenant de son arrivée sur le film, le travail autour du scénario (c'est Sydney Lumet qui eut l'idée de remplacer le contexte de la Prohibition du film original par la crise de Cuba), ou encore les coulisses du tournage, chassé de Miami pour cause de relations conflictuelles avec la communauté cubaine (certains pensaient que le film était dirigé à distance par Fidel Castro). Sachez enfin que toutes les scènes de violence ont réellement existé à Miami. Même celle de la tronçonneuse…

Enfin, le nouveau bonus 35e anniversaire est en fait une conférence de presse en public. Michelle Pfeiffer, radieuse, n'a pas droit à la parole (ou si peu). Steven Bauer (Avi dans les premières saisons de Ray Donovan) et Al Pacino font mollement le show. Ce dernier raconte comment il eut l'idée du film, tandis que Brian De Palma revient sur ses déboires avec la censure. Al Pacino évoque quant à lui ses blessures à la main et au bras après avoir trop manipulé les armes du film. Sachez pour terminer que Steven Spielberg, passant sur le tournage, a lui‑même cadré une des quatre caméras de la fusillade finale.

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