par Carole Lépinay
15 juillet 2019 - 19h42

The Doors

VO
Final Cut
année
1991
Réalisateur
InterprètesVal Kilmer, Meg Ryan, Kyle MacLachlan, Frank Whaley, Kevin Dillon, Michael Wincott
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Californie, 1965. Dans un petit studio d’enregistrement donnant sur Venice Beach, quatre jeunes hommes, James Douglas Morrison (Val Kilmer), Ray Manzareck (Kyle MacLachlan), John Densmore (Kevin Dillon) et Robby Krieger (Frank Whaley), sont à la recherche de l’inspiration rock. Soudain, l’étincelle se change en un embrasement total, le morceau Light my Fire est composé. C’est le début des shows sur des petites scènes jusqu’à la consécration internationale. Les Doors viennent de voir le jour.

Le film d’Oliver Stone part de l’origine des « Portes de la perception » (référence directe à l'écrivain anglais Aldous Huxley) jusqu’à la déchéance de leur chanteur mythique. Il fait aussi accepter la représentation magnifiée, dans l’hyperbole constante, de Jim Morrison. L’enfant sauvage qui répandait son verbe dans le désert, lieu de perdition, wilderness composé d’ocre et de soleil, au‑dessus duquel planait un oiseau de proie. Certaines séquences puisent ainsi dans la poésie shaman et visionnaire de Morrison, et quand ce n’est pas le cas, sa musique libératrice vient prendre le relais, soit pour illustrer des déviances orgiaques, soit pour représenter l’expérience d’une saison en enfer vécue par cette figure borderline typique de l’Amérique agitée des Sixties et du rock contestataire (Jimmy Hendrix, Jefferson Airplane, Janis Joplin).

Quant à Val Kilmer, dont l’interprétation frôle sans cesse l’excès, il semble habité par l’intensité du rôle et la puissance de son personnage. The Doors ? Une rave, un trip, un mirage fulgurant apparu durant l’âge d’or de la révolution contre‑culturelle.

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Final Cut
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
10/07/2019
image
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Allemand DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, allemand
8
10
image

Rescanné en 4K sur Arriscan à partir du négatif original chez Efilm US (Digital Intermediate 4K), puis restauré au sein du studio L’Immagine Ritrovata en Italie, le film a enfin été étalonné sous le haut patronage d'Oliver Stone. Le résultat fait honneur au travail effectué et à la superbe photographie de Robert Richardson, volontiers psychédélique et dotée de couleurs épatantes qui ne demandaient qu'à éclater davantage, surtout les tons chauds.

 

Dans l'élan général, les visages peuvent parfois (pas toujours) apparaître légèrement rosés, mais c'est bien cette lumière diffuse typique, presque cotonneuse, qui se montre sous son meilleur jour. Clarté, netteté et piqué n'ont jamais été aussi probants, toutefois, il faut l'accepter pour profiter pleinement du film, la précision est loin de celle des productions du moment.

 

Au final, une 4K pas clinquante (les effets spéciaux d'ILM passent encore bien) avant tout axée sur l'éclat tout en conservant la jolie texture et le cachet d'origine du film 35 millimètres. Revoyure obligatoire.

10
10
son

Un tout nouveau mix Dolby Atmos créé chez Formosa Group à Santa Barbara sous la supervision de Dolby et des ingénieurs du son de la version originale, Lon Bender et Wylie Stateman. Grâce à un travail tout en retenue parfaitement maîtrisé, le film opère une plongée à la fois réaliste et psychédélique aux côtés de Morrison. Les scènes de concert sont enivrantes avec cette fois‑ci la réelle impression d'être au milieu du public. De nombreux détails contribuent également à élargir la scène sonore, par exemple, les voix des ingénieurs du son en studio viennent maintenant plus logiquement de l'arrière. La clarté et l'envergure en Dolby Atmos font le reste avec un positionnement du son au cordeau, à la fois tout hauteur et naturel. Les basses ne sont pas vraiment plus fortes, juste mieux positionnées.

 

Pas de doute, cette nouvelle VO est plus riche, plus aérée, plus équilibrée que la VF qui intègre beaucoup moins bien les voix et ça change tout au niveau des ambiances, on plane beaucoup moins…

10
10
bonus
- Nouvelle interview d'Oliver Stone (31')
- Nouvelle interview de l'ingénieur du son Lon Bender (18')
- Commentaire audio d'Oliver Stone sur la version cinéma
- Scènes coupées dont certaines introduites par Oliver Stone (44')
- Documentaire exclusif Jim Morrison : Un poète à Paris de Jacques Viallon (52')
- The Doors in LA, documentaire sur la formation du groupe (20')
- Making of d'époque (17')
- Choix de la version cinéma ou Final Cut
- Blu-Ray du film et suite des bonus

À peine 3 minutes de différence entre les versions cinéma et Final Cut. Dans cette dernière, la séquence de tous les excès au Château Marmont Hôtel a été supprimée. Jugée superflue par Oliver Stone, elle disparaît pour un final plus puissant selon lui. Mais là n'est pas l'essentiel tant cette interactivité revue à la hausse mérite le détour.

 

À commencer par la nouvelle interview d'Oliver Stone tournant essentiellement autour de sa passion pour les Doors et Jim Morrison en particulier. Il rappelle que son tout premier script intitulé Break, au sortir du Vietnam en 1969, était largement inspiré du titre des Doors Break on Throught (the Over Side). L'écriture de The Doors se déroula pendant le montage de Né un 4 juillet qu'il venait de tourner avec Tom Cruise. Ce dernier fut d'ailleurs un tant envisagé pour le premier rôle mais son caractère et son jeu impulsifs, presque agressifs, ne correspondaient pas au personnage de Jim Morrison. Il préféra finalement la douce folie de Val Kilmer qui interprète, on le rappelle, de nombreux titres de la BO. Le film mixe en réalité prises de son live du comédien et titres du groupe, un fait rare à l'époque. La jeune Heather Graham fut également un temps dans la course pour le rôle de Pam mais Meg Ryan, énorme star de la comédie romantique à l'époque, tenait à tout prix à casser son image en lâchant prise dans des scènes auxquelles elle n'était pas habituées.

 

Autre module passionnant, l'intervention de l'ingénieur du son Lon Bender expliquant, exemples à l'appui, son travail autour du remixage Dolby Atmos du film. Après un long travail de recherche du master d'origine (étape la plus difficile selon lui), il s'agissait de ne pas dénaturer le film en inventant des effets artificiels mais d'agir par petites touches, garder le caractère organique du film et son « esthétique sonore ». Il explique notamment toutes les possibilités offertes par un mixage Dolby Atmos Home Cinéma par rapport à celui des salles obscures. Comme pour l'interview d'Oliver Stone, il nous manque date et lieu des entretiens, dommage.

 

Dans les scènes coupées, le réalisateur regrette la coupe d'une scène prophétique, lâchant un conseil en or à de futurs confrères en herbe : « Faites attention à ce que vous coupez… ».

 

Autre morceau de bravoure de cette interactivité mais déjà vu dans l'édition Blu‑Ray 20e anniversaire, le film Un poète à Paris de Jacques Viallon. Musiciens, connaissances parisiennes de l'époque et auteurs retracent le parcours parisien à l'issue fatale de Morrison. Cherchant sans doute à fuir le procès de Miami, à rompre avec un phénomène qui le dépasse, Morrision arrive à Paris avec beaucoup d'espoir, se nourrit des poètes romantiques français et de la Nouvelle Vague (il voit Agnès Varda et Jacques Demy), mais boit beaucoup et finit par se perdre. Un médecin légiste explique à quel point rien n'a été fait dans les règles de l'art à l'époque de la découverte de son corps dans une baignoire. 

 

L'autre documentaire de 20 minutes et le making of d'époque complètent ces bonus enrichissants sur l'itinéraire foudroyant d'un poète foudroyé. 

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