par Cédric Melon
25 mars 2020 - 16h19

À couteaux tirés

VO
Knives Out
année
2019
Réalisateur
InterprètesDaniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Alors que toute sa famille est réunie dans son manoir pour fêter son 85e anniversaire, Harlan Thrombey (Christopher Plummer), un auteur de romans policiers à succès, est assassiné. Le coupable se trouve forcément sur les lieux du crime et pourtant l’enquête du détective privé Benoit Blanc (Daniel Craig) va s’avérer très complexe.


Entre deux Star Wars, le réalisateur Rian Johnson a décidé de se faire plaisir en réalisant une sorte de Cluedo géant que n’aurait certainement pas renié la maîtresse du genre, Agatha Christie. Cela tombe d’autant mieux que son acteur principal Daniel Craig s’accorde lui aussi une petite pause sans pression, loin du tournage de Mourir peut attendre, le dernier James Bond ayant à ce moment‑là pris du retard. Un film plaisir en somme, dont la légèreté et la dynamique sont particulièrement savoureuses pour le spectateur.

 

Multipliant les références aux incontournables du genre (Hercule Poirot, Arabesque, Le limier de Mankiewicz, Alfred Hitchcock) et développant des rôles secondaires truculents, de Jamie Lee Curtis à Toni Collette en passant par Chris Evans, Don Johnson, Michael Shannon et Ana de Armas (également dans le prochain James Bond), À couteaux tirés enchaîne fausses pistes et rebondissements à un rythme d'enfer, soutenu par une mise en scène ludique et efficace entièrement dédiée aux comédiens. Mention spéciale au délicieux look rétro du film à base de tentures épaisses, de tweed et de boiseries so british

 

Et pour tous ceux qui n’auraient pas la patience d’attendre le dénouement pour connaître l'identité du tueur, la jaquette de l'édition Blu‑Ray, retirée puis remise à l’envers dans le fourreau, désigne le coupable de ce délicieux whodonit (« qui l'a fait ? »). Mais chut…

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blu-ray
4k
cover
Knives Out
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
27/03/2020
image
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français Audiodescription
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
7
10
image

En attendant le disque 4K Ultra HD qui ne saurait tarder, nous avons dégusté avec ce Blu-Ray un beau plat de lentilles dont nous avions presque fini par oublier la saveur. Avec ses plaques de pixels dès que la caméra met en boîte un plan large ou d'ensemble, le grain monte en flèche jusqu'à brouiller l'image de manière très visible. Le ciel, les paysages et les plans extérieurs en pâtissent le plus, agaçant. D'autant plus que le film possède des atouts esthétiques indéniables et des plans de toute beauté.

 

Le reste du temps (à l'intérieur), les décors et le manoir fournissent une ambiance feutrée et cossue du plus bel effet malgré, là encore, des artéfacts désagréables de passage en fond de cadre. Si on comprend que le réalisateur et son directeur photo ont cherché un rendu simili-argentique « à l'ancienne » malgré un processus tout-numérique, le côté artificiel du bidouillage sans vergogne de l'image en post-production l'emporte. Dommage.

8
10
son

Une piste anglaise Dolby Atmos sans doute surdimensionnée pour un tel film mais une piste Atmos quand même qui donne de la vie à ce jeu de pistes et participe même à sa façon à la résolution de bon nombre d'énigmes. Encore une fois, le côté ludique l'emporte avec des effets sonores appuyés comme autant d'indices (les coups sourds ont par exemple leur importance dans le récit). 

 

Une multitude de détails qui parviennent à donner une atmosphère différente à chaque pièce et une vaste sensation d'espace au sein du manoir. Que ce soit en frontal ou sur les enceintes arrière, il se passe toujours quelque chose, soyez attentif. Même le chien a droit son bruitage rigolo dans un plan de coupe drôlissisme.

8
10
bonus
- Commentaires audio du réalisateur Rian Johnson, du directeur de la photographie Steve Yedlin et de l'acteur Noah Segan
- Commentaires de Rian Johnson seul en VO non sous-titrée
- Scènes coupées commentées par le réalisateur (5')
- La fabrication d'un meurtre : making of en huit parties (120')
- Rian Johnson : ou le meurtre parfait (6')
- L'invitation au meurtre (2')
- Publicités Thrombey (1')
- Bande-annonce

Outre des commentaires tout à fait agréables à suivre, référentiels et non dénués d'humour, l'imposant making of remporte tous les suffrages. Découpé en huit parties et pourtant plombé par une présentation basique des intervenants face caméra, il se révèle être, pour qui veut en savoir plus sur la fabrication du film, une vraie mine d'informations.

 

À commencer par la genèse du film qui trottait dans la tête de son auteur depuis plusieurs années, son aspect modeste et récréatif après Star Wars, l'importance de Daniel Craig dans la venue des autres membres du casting (casté six semaines avant le tournage, parfois moins), ou encore un très intéressant focus plus technique sur l'image du film. 

 

Rian Johnson et son producteur, fans de pellicule 35 mm, ont ainsi laissé leur directeur photo et ami Steve Yedlin choisir lui-même le format numérique du film (caméras Alexa) auquel il voue un culte sans bornes. Ses arguments étaient imparables : la flexibilité du format compte tenu des délais très courts de tournage et les possibilités infinies offertes en post-production sur les couleurs pour choisir le rendu souhaité exact. Le réalisateur et le directeur photo abordent également le format 1.85, sans doute plus classique et convenant bien au sujet du film. 

 

L'intervention de la chef-costumière Jenny Eagan est elle aussi passionnante, tout comme son travail sur les matières et les motifs (quelques références sudistes). Quant au manoir du film, il se trouve à une heure au sud de Boston. La superbe bibliothèque où se déroulent les interrogatoires a été filmée dans une autre maison. 

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