par Carole Lépinay
25 mai 2022 - 10h06

Madame Bovary

année
1991
Réalisateur
InterprètesIsabelle Huppert, Jean-François Balmer, Christophe Malavoy, Jean Yanne, Lucas Belvaux
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Dans la France du XIXe siècle, Emma Bovary (Isabelle Huppert), fille d’un paysan normand, épouse un médecin de campagne falot. Son quotidien ennuyeux, en plus de cette union insipide, pousse la jeune femme dans des romances adultérines. Elle pense alors s’échapper avec un hobereau local, se jette dans les bras d’un clerc et dépense des sommes astronomiques dans de luxueuses parures.


Madame Bovary de Gustave Flaubert « était écrit pour le cinéma », confiait Chabrol à propos de son adaptation guidée par « les sons, les gestes, les mouvements » de ce chef‑d’œuvre de la littérature. Biberonnée aux romans à l’eau de rose, attirée par les légèretés mondaines, notre célèbre provinciale n’aurait pas trouvé meilleure incarnation qu’Isabelle Huppert. Tour à tour naïf et impérieux au contact d’amants sans scrupules, son personnage lutte contre une vie ordinaire. Quand bien même ce désir, si puissant et légitime, la mène à sa perte, le cinéaste se passe bien de la juger en lui réservant une place tout à fait singulière au milieu des hommes grotesques et des « mœurs de province »  étriquées, celle d’une héroïne tragique et universelle.


« Nous sommes toutes des Madame Bovary » soutenait la dessinatrice britannique Posy Simmonds, auteur du roman graphique Gemma Bovery porté à l’écran en 2014 par Anne Fontaine.

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Tous publics
Prix : 14,99 €
disponibilité
22/09/2021
image
1.66
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 1.0
Français Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
7
10
image

Restaurée en 4K avec l'aide du CNC, cette image profite d'une nouvelle lumière mettant parfaitement en relief les sublimes décors et costumes. Les défauts ont été effacés et le savant sens du cadrage de Chabrol est révélé, tout comme les couleurs qui montent d'un cran. Et si certaines scènes sombres restent peu lisibles (ça fluctue selon les conditions), cette copie nous donne à voir la meilleure définition disponible à ce jour sur ce film.

5
10
son

Économe en bruitages et ambiances, le film est surtout mémorable d'un point de vue sonore par sa voix off, douce, maline et limpide. Un mono qui ne peut pas faire plus. Ça passe.

7
10
bonus
- Présentation du film par Joël Magny (2')
- Commentaires de Claude Chabrol (36')
- Bande-annonce originale

Lapidaire mais truffée d’infos, la présentation de Joël Magny nous donne clairement la définition du « Bovarysme », soit « la propension à se voir autrement que l’on est, cette tendance à s’illusionner au point d’être cruellement déçu face aux réalités de la vie ». Alors qu’il n’a que 13 ans, Chabrol découvre ce roman qui bouleversera son existence. Pendant plus de vingt ans, le cinéaste macère des envies d’adaptation, à 60 ans, il se lance enfin.

 

Le cinéaste commente quelques séquences du film. Filmée selon le point de vue d’Emma, la scène du bal se caractérise par des plans d’ensemble correspondant aux sensations du personnage. Le vertige qui s’empare d’Emma trouve son illustration à travers certains effets de décadrage, tandis que les jeux de reflets dans la glace déplacent la soirée mondaine du côté du rêve d’Emma.

 

Chabrol note l’ironie perpétuelle de Flaubert, ainsi, il revient sur la scène des comices où l’idée d’un romantisme bidon transparaît à travers le montage de deux scènes en alternance, la première incartade d’Emma, en retrait avec Rodolphe Boulanger interprété par Christophe Malavoy, à l’extérieur, et le discours des autorités à l'intérieur, en contrepoint des paroles illusoires de l’amant en devenir. Le voici caractérisé implicitement et très efficacement : « fumier, bélier, cochon ».

 

Chabrol relève également l’importance de la colorimétrie dans le film. Une dominante bleutée enveloppe la réalité dans un rêve romantique mais mensonger. Lors de la dernière rencontre entre Emma et Rodolphe, un fond bleu est à nouveau utilisé pour le marquage romantique, puis un fond rouge qui renverra l’héroïne à la triste et violente réalité. Dans cette séquence parfaitement élaborée, elle passe de l’un à l’autre dans un mouvement qui exacerbe sa folie.

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