par Laurence Mijoin
31 mars 2011 - 10h38

Nénette

année
2010
Réalisateur
InterprèteNénette
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Arrivée à l’âge de 4 ans à la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, Nénette, femelle orang‑outan originaire de Bornéo, a aujourd’hui la quarantaine bien tassée. Un record pour un individu de cette espèce. Chaque jour, la doyenne des lieux voit défiler des centaines de visiteurs, les contemplant avec un regard qui semble en dire long…

À l’origine, le réalisateur de films documentaires Nicolas Philibert (Être et avoir) avait eu l’idée d’un court métrage en se promenant au Jardin des Plantes, remarquant l’attitude de la farouche Nénette face à des visiteurs qui se projetaient en elle. Le documentariste a poussé plus loin son observation, montrant le singe comme un véritable miroir dans lequel se reflètent les visages et les désirs des êtres humains qui viennent à sa rencontre.

Se reposant sur un dispositif de mise en scène ingénieux ‑filmer l’animal à travers les vitres de son enclos où se reflètent les visages des visiteurs‑ Nicolas Philibert capte chacune des mimiques de sa star, mettant à l’écart l’humain. Mais c’est pourtant ce dernier que l’on entend, à travers les voix d’enfants, d’adultes, d’adolescents, des soigneurs de la ménagerie ou encore du comédien Pierre Meunier, qui conclut le film avec un monologue. Chacun commente à sa façon le spectacle, de manière parfois naïve, parfois documentée, parfois touchante.

Mais ce qui frappe, c’est ce désir quasi systématique de verser dans l’anthropomorphisme, de retrouver une bribe de son humanité dans cet être qui partage plus de 95% de son patrimoine génétique avec celui de l’homme, et dont les attitudes sont si proches des nôtres. Dans le regard de cette femelle orang‑outan fatiguée par le poids des années, on peut y voir une infinité de choses. Monolithique, est‑elle la sagesse incarnée, ou bien une vieille dame consternée par ce défilé incessant ? Pense‑t‑elle seulement ? Souffre‑t‑elle de cet enfermement long de plusieurs décennies ?

Livrant une œuvre contemplative, où règne le silence de l’animal face aux murmures continus des hommes, Nicolas Philibert parvient à soulever des questions passionnantes sur la condition des êtres vivants et le bien‑fondé de la captivité pour les espèces en voie d’extinction, mais use et abuse de son procédé jusqu’à l’écœurement. N’éloignant jamais son objectif de son sujet, il lie la forme de son film à son propos, livrant une véritable vision de l’ennui via une succession de plans fixes plus d’une heure durant. Le concept atteint vite ses limites, et aurait sans doute mérité un traitement plus condensé.

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cover
Tous publics
Prix : 15 €
disponibilité
01/03/2011
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 2.0
sous-titres
Aucun
7
10
image
Le documentaire, succession de longs plans fixes des orangs-outans, bénéficie d'une copie à la définition très correcte et à la compression discrète, même si on peut noter une perte de qualité sur certains plans, tout ayant été filmé à travers les vitres des enclos. Une édition satisfaisante, à la photo volontairement très réaliste.
7
10
son
La stéréo suffit amplement pour profiter pleinement du film, ponctué de très longs silences, de rares phases musicales et des quelques commentaires des visiteurs ou des soigneurs, dont les voix sont toujours intelligibles. Dommage que le sous-titrage soit absent de cette édition.
5
10
bonus
- Entretien avec Gérard Dousseau, chef-soigneur à la ménagerie, extrait de l'émission « On aura tout vu » sur France Inter (45')
- La nuit tombe sur la ménagerie (11')
- La projection (8')
- Espace Éditions Montparnasse
Le supplément intitulé « La nuit tombe sur la ménagerie » propose le même type de mise en scène que le film lui-même, filmant tous les animaux de la ménagerie dans leurs enclos, juste avant que la nuit tombe. Un joli module contemplatif et silencieux, qui met en parallèle le calme primitif du Jardin des Plantes et l'effervescence de Paris s'illuminant peu à peu. Le module « La projection » montre les membres de la ménagerie en train d'installer le vidéoprojecteur et, ensuite, assister à la projection de Nénette, en compagnie des orangs-outans à l'honneur dans le film. Ces derniers fixent leur propre image depuis leur enclos, avec attention. Une touchante mise en abyme. Enfin, l'entretien avec le chef-soigneur Gérard Dousseau permet d'approfondir cette découverte, ce dernier s'exprimant durant 45' sur différents sujets, notamment l'utilité d'une telle captivité pour des espèces en voie de disparition, les sentiments de l'équipe de la ménagerie, leurs relations avec les animaux…
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