le 21 janvier 2013 - 10h43

Ken Follett

L’auteur Ken Follett revient sur la genèse de sa saga, dont l’adaptation TV a enregistré un succès incroyable et presque surprenant. Ses romans sont certes des best‑sellers, mais il y avait comme un embouteillage dans le monde de la série historique… Rencontre.
A

 

Vous souvenez-vous de l’instant où vous avez eu l’idée des Piliers de la terre ?

 

KF : je me souviens de la première fois où je me suis intéressé aux cathédrales. J’étais journaliste pour un journal d’actualités dans les années 70. Je suis allé dans une petite ville d’Angleterre appelée Peterborough. Et Peterborough possède une cathédrale. J’y suis allé en train, j’ai fait mon interview et j’avais une heure à tuer avant de reprendre mon train, donc je suis allé visiter la cathédrale. Elle possède trois immenses piliers et ces portes ont l’air d’avoir été dessinées pour des géants. J’étais scotché. C’est la première fois que je voyais une cathédrale et je n’avais jamais remarqué à quel point elles étaient belles, impressionnantes, et aussi les difficultés que leurs constructions avaient dû susciter. C’est là que je me suis mis à me passionner pour les cathédrales. Ce moment coïncidait avec celui où je commençais à écrire des romans. Ensuite, il m’est apparu comme une évidence qu’écrire un livre sur la construction de ces cathédrales serait quelque chose de passionnant.

 

Avez-vous vendu les droits d’adaptation tout de suite ?

 

KF : non ! Et pourtant, d’ordinaire, je vends les droits d’adaptation cinéma pour mes romans très vite, mais pour Les piliers de la terre, ça a pris beaucoup plus de temps. Je me suis toujours dit que ce serait bien trop compliqué. Hollywood est trop compliqué. Mais ce roman est spécial pour moi et s’il devait être adapté, je tenais à ce que soit dans le cadre de la télévision. Je pensais à une minisérie d’au moins huit épisodes. J’ai rencontré plusieurs producteurs, nous avons discuté et aucun d’entre eux ne voulait en faire une minisérie de huit épisodes. Ça leur paraissait trop énorme. J’ai donc refusé de vendre les droits, jusqu’à ce que Ridley Scott arrive. Il a dit : « Cette adaptation doit faire huit heures, pas une de moins ». Je lui ai vendu les droits.

 

Pourquoi avoir attendu dix‑huit ans avant d’écrire la suite des Piliers de la terre, intitulée Un monde sans fin ?

 

KF : parce que ce n’est pas dans ma nature d’écrivain d’écrire une suite. J’ai pris énormément de temps pour écrire Les piliers de la terre, ça a été très difficile, très compliqué, et à la fin, j’étais complètement épuisé. Donc à ce moment‑là, je n’ai jamais imaginé, ni même penser, en faire une suite. Mais à force de rencontrer des lecteurs qui me posaient des questions et systématiquement me demandaient à quel moment j’allais écrire la suite, j’ai fini par y réfléchir…

 

Avez-vous trouvé l’idée d’Un monde sans fin immédiatement ?

 

KF : non, je me demandais sans cesse par où commencer. Je ne voulais pas écrire un autre livre sur la construction des cathédrales, parce que ça allait être le même ouvrage. Et puis normalement, quand vous faites une suite, vous reprenez les mêmes personnages. À la fin des Piliers de la terre, la plupart de mes principaux protagonistes étaient morts ou très vieux… Je ne pouvais donc pas les réutiliser dans une suite. J’ai donc longuement réfléchi à ce que pourrait être la suite, puis j’ai eu l’idée de situer l’action dans la même ville. J’ai eu l’idée de parler de la « mort noire », et je pouvais commencer l’écriture !

 

Combien de temps il vous a fallu pour l’écrire ?

 

KF : presque autant que pour Les piliers de la terre : trois ans et trois mois !

 

Quelle est votre implication dans l’adaptation ?

 

KF : minimum. Je suis un écrivain, pas un scénariste, encore moins un réalisateur. Ce sont eux les experts. Ce n’est pas mon rôle de toute façon. Oui, j’ai lu les scénarios des épisodes, j’ai suivi le processus de casting, mais je me suis fait discret sur le tournage. Je suis écrivain, je ne suis pas réalisateur et je ne le serai jamais.

 

Les fans des Piliers de la terre vont-il aimer ce nouveau récit très différent ?

 

KF : oui, parce que c’est toujours le Moyen‑Âge, que dans un contexte difficile fait de meurtres, de complots, de trahisons, de viols et de batailles, les hommes ont pu bâtir de magnifiques cathédrales dans Les piliers de la terre et découvrir la médecine dans Un monde sans fin. La naissance de choses extraordinaires dans un contexte extrêmement dur est le lien extrêmement fort entre les deux sagas. Je peux même vous dire que moi et mon stylo, on n’en a peut‑être pas fini avec cette période…

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