Le réalisateur Rotem Shamir (photo ci‑contre), également auteur de la série Hostages, revient sur l’engouement suscité pour Fauda, du côté israélien comme palestinien.
j’ai donc accepté tout de suite. Je poursuis la mise en scène initiale, en la développant, les épisodes de la seconde saison ayant une durée de quarante‑cinq minutes au lieu de trente‑cinq.
[qFauda évoque un western moyen‑oriental, avec son rythme rapide, ses scènes d’action dans le désert, des poursuites à moto… c’est génial. Fauda est une famille. Nous sommes une quarantaine, très proches les uns des autres. Il y a une bonne entente, beaucoup de rires de plaisir et aucun conflit, même lors de discussions. Les acteurs sont jeunes et sympathiques, faciles à diriger.
[qUne équipe israélo‑arabe, n’est‑ce pas unique en Israël ? je l’espère. En ce qui me concerne, Fauda m’a fait connaître la langue, la culture arabe. Et le fait qu’on en parle sur les réseaux sociaux signifie que chose se passe. Mais j’espère qu’on ne prend pas Fauda comme une déclaration politique, car il ne s’agit pas de cela, mais de divertissement. Et mon travail consiste à créer une bonne tension, une bonne action dramatique et non à représenter le conflit.
[qDans la série, les Israéliens et les Palestiniens se confondent souvent, on vous a parlé de perte d’identité… cette unité des Mistaravim s’habille comme l’ennemi pour infiltrer son territoire et procéder aux arrestations. Or, certains de leurs membres confient qu’à un moment donné, une confusion naît. Vous parlez arabe, vous passez du temps là‑bas : qui êtes‑vous ? C’est un thème intéressant à explorer.
[qÉtait-ce le cas de Lior, l’un des auteurs ‑Doron dans la série‑ qui a fait partie d’une de ces unités ? c’était mieux que d’aller chez le psy !
[qCe qui explique le caractère véridique de Fauda ? je ne connais que le retour d’Avi qui, en tant que spécialiste du monde arabe, a la possibilité de se rendre dans les territoires, et a constaté que Fauda est appréciée.
[qLes Israéliens et les Palestiniens étant victimes du conflit, Fauda n’est‑elle pas thérapeutique pour les deux partis, qui voient leurs difficiles réalités dédramatisées dans un programme de divertissement ? nous nous ressemblons, nous vivons dans des contextes identiques. Les non‑religieux sont proches. C’est la religion ‑l’extrémisme religieux‑ qui est à l’origine des problèmes, et qu’aucun programme de télévision ne pourra résoudre.
[qÀ ce propos, y a‑t-il un public spécifique ? ceux de gauche comme de droite pensent que Fauda les représente. Et du côté arabe, le programme est également très suivi. Tout le monde s’y retrouve.
[qQue vous a apporté la réalisation de Fauda ?
RS : le succès mis à part, je n’aurais pu vivre une telle expérience avec un autre film, j’ai pu discuter avec des Arabes israéliens, les connaître, apprendre. Et cela n’a pas de prix. Cette expérience incomparable m’a été offerte grâce au tournage. Elle eut été impossible autrement. Pour nouer des amitiés, il faut intégrer une structure et avoir du temps. Là, les portes se sont ouvertes.