Ce soir, en ce 5 septembre, c’est donc l’effervescence. On a un peu agrandi les portes et poussé la jauge au maximum : l’endroit est bondé et les food‑trucks pris d’assaut avant le début du concert. Le troubadour planétaire est attendu en set acoustique, comme lors de ses deux derniers passages, ici, en mai dernier. L’idée n’est pas tant de défendre son nouvel album, Viva Tu, que d’offrir du plaisir brut à ses fans. Ils seront récompensés au centuple de leur investissement. Ici, le prix des places est équivalent à celui du moindre goodie sur n’importe quelle autre tournée d’une star du gabarit de Manu Chao. Le ton est posé…
Et Manu Chao entre en scène, guitare en bandoulière
En guise d’apéritif, vers 20 heures, Lidiop chauffe à blanc l’assemblée avec son reggae envoûtant, dont une sublime reprise de Cabrel. Si sa voix est cristalline et son flow chaleureux, ce n’est pas vraiment lui que le public de tous âges et de tous horizons est venu voir. Mais tout le monde apprécie.
Aux alentours de 21 heures, l’Ultra Acoustic Concert commence enfin, et Manu Chao entre en scène, guitare en bandoulière. Accompagné de Matumati (guitariste argentin), drapeau palestinien en guise de pagne, et de Miguel Rumbao, véritable King of Bongos de la soirée, il enchaîne les chansons sans véritable pause. « On y va, Vitry ! », lance‑t‑il en guise d’introduction. Le public est directement en transe et, même après une heure et demie de concert suivie d’une heure de rappel puis d’un mini‑set électro, il ne sera jamais rassasié. Si une centrale thermique toise le Kilowatt, la chaleur était bel est bien, ce soir, dans le public et sur la scène !
Bouillonnante dès les premiers accords de guitare, la fosse (c’est un concert debout) s’électrise au fur et à mesure que les morceaux s’enchaînent à un rythme frénétique, ponctués de « Je ne vous entends pas, Vitry !! ». La sono mondiale explose pour la joie de toute l'assemblée.
Dans la foule, les crowd surf s’enchaînent
Comme à son habitude, Manu a le sens de la formule qui fait mouche. Entre deux chansons, il harangue : « La vie est belle, le monde pourri ». Il est ici clairement venu pour offrir du plaisir au public, et même si le trio reste souvent vissé sur les chaises, le troubadour du monde sait parfaitement comment le faire bouger. Pas besoin d’être un showman quand on sait électriser les foules avec des chansons calibrées pour le kiff. Clairement, ce soir, le Kilowatt porte bien son nom. Il y a de l’énergie sur scène, et pas qu’un peu : « Le monde fait mal, vous êtes mon médicament ! », lance‑t‑il entre deux chansons.
Soudain, deux cuivres entrent dans la danse : une trompette et un trombone, et la chaleur monte tout de suite d’un cran. Dans la foule, les crowd surf s’enchaînent, le public saute, hurle son plaisir et sue à grosses gouttes.
Un instant hypnotique, quasi frénétique
Comme souvent dans les concerts de Manu Chao, le fantôme de la Mano Negra plane, mais pas seulement. L’homme a plus d’un hit dans sa besace et les classiques s’enchaînent sans temps mort. Mala Vida, King of Bongo, Clandestino, Bienvenida a Tijuana et autres Pinocchio s’entremêlent et se répètent parfois, aboutissant à une espèce d'instant hypnotique, quasi frénétique, dont lui seul a le secret. Le public n’est plus dans une zone industrielle de banlieue, il est à travers le monde, dans une kermesse latine, un bar punk, une plage de Rio, une même musique infinie. Les invités s’enchaînent et s’insèrent parfaitement dans la belle folie qui règne sur scène. Le moment est solaire, booste d'adrénaline et de positivité.
Bien sûr, le musicien farfadet a également des choses à dire, pas seulement à chanter. Même s’il dédie clairement son concert « à la liberté ! », il n’oublie pas de militer pour la paix dans le monde : en Afrique, au Moyen‑Orient, en Israël et, évidemment, à Gaza. La Palestine sera d’ailleurs citée plusieurs fois, et il arborera même le drapeau palestinien pendant son rappel. Mais ce soir, c’est bien la musique qui prime jusqu'à minuit moins vingt. Peu de discours entre les chansons, elles parlent d'elles‑mêmes. À peine un : « Le 10 septembre, à la rue !! », un appel pas attendu de la part d’un « Clandestino »…