le 15 novembre 2023 - 08h30

Tout va bien : que vaut la série Disney+ portée par Virginie Efira et Sara Giraudeau ?

Tout va bien, la série créée par Camille de Castelnau et coréalisée par Éric Rochant, Xavier Legrand, Cathy Verney et Audrey Estrougo, arrive le 15 novembre sur Disney+, et autant vous prévenir tout de suite, elle risque de vous chambouler quelque peu.

A

Le point de départ de Tout va bien est archisimple et diablement efficace, puisqu’elle raconte le quotidien d’une famille ordinaire, avec ses névroses, ses secrets et ses conflits, confrontée à la maladie grave de l’un de ses enfants : une leucémie incurable. D’entrée, le ton est radical, la première scène nous montrant la belle‑fille préférée des Français, Virginie Efira, éclater un clown dans un accès de violence incompréhensible qu’on croirait presque tiré du film Ça !

 

 


Chronique d’une mort annoncée
Petit conseil en préambule aux profanes de séries : si les titres des 8 épisodes de Tout va bien sont souvent joliment bien trouvés, surtout ne pas les regarder en avance au risque de se voir divulgâcher le twist final, pour le coup un peu trop Disney. C’est l’un des plus gros bémols d’une série pourtant avare en fausses notes qui réussit à merveilleusement retranscrire l’absurdité aléatoire de la vie.

Sorte de This is Us français, la création de Camille de Castelnau a tout de la « feel good » série lacrymale cathartique qui fait du bien. Œuvre chorale (devant et derrière la caméra) qui sonne à la fois juste, Tout va bien est surtout machiavéliquement bien écrite.

Avec son titre à prendre avec ironie, elle nous parle de nous et de cette hiérarchie de la douleur propre à chacun. Elle nous questionne sur notre propre façon d’affronter la maladie en nous rappelant cette vérité qu’il n’y a pas de bonne méthode. Chacun gère comme il peut. Souvent mal, mais toujours avec plus ou moins de sincérité. La famille de la petite Rose est suffisamment archétypale pour que l’on puisse se projeter facilement, et en même temps la regarder avec le recul nécessaire pour en rire. Car la série évite le piège du pathos et c’est tant mieux. En résulte des épisodes à la fois tristes, drôles et lumineux, alors que pourtant, à chaque fin d’épisode, on attend de savoir si/quand la petite Rose mourra…

 

Femmes, je vous aime
Portée par un trio de comédiennes à leur meilleur : Virginie Efira (la tante de Rose), Sara Giraudeau (sa mère) et Nicole Garcia (sa grand‑mère), la série se révèle être tout autant une ode au matriarcat et à la sororité que l’autopsie d’une crise familiale. Les hommes sont un peu largués dans cette histoire. Seul le personnage du clown (Mehdi Nebbou) arrive à plus ou moins bien gérer la confrontation enfant/maladie. Mais après tout, c’est son métier ou du moins son sacerdoce. On regrette d’ailleurs que la série ne s'attarde pas davantage sur lui. Les autres personnages masculins galèrent beaucoup et Tout va bien évite de les juger. Ils ont plus de mal, c’est tout : juste un constat.

En filigrane, elle évoque également #Metoo, la liberté de disposer de son corps et l’exceptionnel personnel hospitalier, en grande partie féminin, de l'hôpital Robert‑Debré. Pour autant, elle n’est pas féministe. Elle nous distille juste, épisode après épisode, cette petite vérité qui veut que souvent les femmes, même les plus frêles, peuvent se montrer très fortes. Tandis que les petites lâchetés masculines sont légion. Même parmi les moins chétifs.

 

Tout va pour le mieux, ou presque
Réussite évidente, Tout va bien n’est pas exempte de défauts pour autant. Disney a mis le paquet pour cette série, et malheureusement, c’est un peu à son détriment. Elle a ce petit quelque chose d’aseptisé tel un hôpital. Certes, la famille d’acteurs est merveilleuse, mais sonne un peu faux, voire caricatural dans ses aspects germanopratins.


On aurait aimé qu’il y ait une prise de risque plus forte avec les personnages et surtout que le casting ne soit pas si visiblement bankable. Le plaisir d’une série, c’est aussi de nous faire découvrir de nouvelles têtes. Comme quand en 2015, Le bureau des légendes, série écrite par Éric Rochant et (entre autres) Camille de Castelnau, nous avait fait découvrir le talent d’une parfaite inconnue : Sarah Giraudeau…

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