le 18 juin 2013 - 17h26

Melissa Bernstein

Au moment de l’interviewer lors du dernier Festival de la télévision de Monte‑Carlo, Melissa Bernstein, productrice de la série depuis le pilote, sortait de la salle de montage du futur et dernier épisode de la saison 6 de Breaking Bad. L’occasion de revenir avec elle sur une série déjà culte, qui se terminera en août prochain sur la chaîne américaine AMC.
A

 

Quelle a été votre réaction la première fois que vous avez entendu parler du projet Breaking Bad ?

 

MB J’ai tout de suite aimé et je suis impliquée dans la série depuis le pilote. Je peux vous dire que les scripts écrits par Vince Gilligan (créateur, scénariste et showrunner de Breaking Bad, NDLR) sont d’une rare densité. Chaque moment est décrit avec tant de détail et de précision que j’ai été immédiatement soufflée par le début du voyage incroyable qu’entamait le héros de la série, Walter White.

 

Pourtant, plusieurs producteurs et chaînes de télévision à l’époque ont carrément refusé le projet. Pourquoi, vous, avez‑vous dit oui ?

 

MB Vous savez, quand les gens de Sony, qui soutiennent la série depuis le début, ont en entendu parler, ils ont dit : « C’est le pire projet série dont on a jamais entendu parler, mais il faut quand même essayer ». Ce que je vous raconte est rigoureusement vrai. Donc nous avons essayé de vendre la série à différentes chaînes, à des gros networks, et à chaque fois, les gens étaient choqués mais aussi séduits par le script. Tous nous disaient la même chose : « C’est énorme, mais si j’achète, mon boss va me tuer ». Au final, la chaîne FX a acheté la série. C’est là que nous avons commencé son développement. Mais au même moment, ils avaient Dirt qui arrivait, une série avec Courtney Cox. Ils ne pouvaient développer qu’une seule nouvelle série à la fois. Et c’était la première série de Courtney Cox juste après Friends. Ils ont finalement préféré jouer la sécurité. Ils ont choisi la série qui avait une star à son générique et un concept très sexy. Du coup, on se retrouvait à nouveau avec aucune perspective. Puis la chaîne câblée AMC est arrivée. Elle venait de tourner la série Mad Men et cherchait une autre série originale. Les responsables ont lu Breaking Bad et ont tout de suite adoré. Ils ont même accepté que ce soit Vince Gilligan lui‑même qui tourne le pilote. Et pour tout vous dire, jusqu’à ce qu’on tourne, on s’est tous dit qu’ils étaient fous de nous laisser faire ce que nous voulions. C’était un peu comme si la réalité dépassait notre rêve initial.

 

Qui a eu l’idée d’engager Bryan Cranston au casting, héros de la comédie Malcom ?

 

MB C’est Vince Gilligan et lui seul. Avant de faire Breaking Bad, Vince avait travaillé sur X‑Files. Il avait écrit un épisode intitulé Drive. Le personnage important de cet épisode était très difficile à jouer. Un raciste horrible, toxicomane, qui meurt à la fin de l’épisode et pour lequel on devait aussi avoir de l’empathie. Il ne fallait donc pas se louper au casting, et Bryan Cranston avait réussi à faire ça. Immédiatement, Vince s’est dit qu’il n’avait jamais vu quelqu’un avoir l’air aussi méchant et dangereux, et au bout de 45 minutes, réussir à créer autant d’empathie autour de lui. C’est lui qu’il voulait pour Breaking Bad. Aujourd’hui, ça paraît évident, mais croyez‑moi à l’époque, c’était un véritable pari.

 

Est‑ce que certains épisodes, à cause de leur noirceur, ont fait débat ?

 

MB Tout à fait. Par exemple, à un moment dans la série, Walt laisse suffoquer et mourir la petite amie de Jesse. Sur le scénario, elle était couchée sur le côté, en état de choc, et Walt la poussait pour qu’elle se retrouve sur le dos, suffoque et meurt. Il était alors l’acteur de sa mort. Nous avons eu un débat enflammé avec les gens de la chaîne. Ils nous disaient que c’était trop, qu’il ne fallait pas mettre Walt dans cette position trop rapidement. Vince a fini pas être d’accord avec eux. Et du coup, s’il ne l’empêche pas de s’étouffer, il ne provoque pas sa suffocation. Pour moi, c’est lui qui la tue. Mais ce qui est drôle, c’est que pour une partie du public qui aime le personnage, il lui trouve des excuses parce que nous ne sommes pas allés trop loin trop vite. Bien sûr qu’il n’y a pas d’excuse, mais tout est une question de dosage.

 

À la fin de la dernière saison, est‑il foncièrement et complètement mauvais ?

 

MB Oui. C’était l’idée de départ, faire de Monsieur Toutlemonde le Tony Montana de Scarface. Au départ, Breaking Bad ne devait pas dépasser trois ou quatre saisons. Nous en sommes à six. Mais malgré tout, nous avons réussi à en garder sous le pied pour cette dernière saison. Et nous sommes allés très loin. Le fait de savoir que cette saison est la dernière nous a permis de tout oser.

 

Connaissez-vous la fin de la série ?

 

MB Oui. Je viens de sortir de la salle de montage où Vince Gilligan monte le dernier épisode. La fin est énorme, elle satisfera grandement les fans. Je vous garantis qu’après les huit épisodes de cette dernière saison, il y en a qui vont devoir prendre des vacances pour se remettre de ce qu’ils auront vu. Action, émotion… cette dernière saison est fantastique !

 

Quel est votre épisode préféré ?

 

MB Parmi les 62 épisodes, je crois que le pilote restera pour moi la plus fantastique des expériences. Je l’adore. Il est complet et si vous ne regardez plus jamais un autre épisode, il est très appréciable quand même. Il capture l’essence même de la série. C’est le début du basculement du côté obscur. Voir ces acteurs fantastiques jouer pour la première fois tous ensemble reste une expérience inoubliable. J’ai autant adoré le voir que le faire.

 

Il y aura bien un spin off sur le personnage de Saul Goodman, avocat délirant et atypique de la série ?

 

MB Oui. Vince en parle depuis au moins six semaines, il réfléchit au format de la série et si l’action doit se passer avant ou après Breaking Bad. Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment.

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