le 01 octobre 2008 - 15h38

Sylvester Stallone

Plus serein que jamais, Sylvester Stallone est lucide sur sa carrière. Il revendique haut et fort ce que Rambo et Rocky lui ont apporté. Celui qui ne voulait surtout pas tourner Rambo 4 raconte…
A

 

Au moment de la promotion de Rocky 6, vous avez précisé que vous étiez obligé de tourner Rambo 4 par contrat…

 

ST : pendant des années, j'ai essayé de monter Rocky 6. Lorsque le studio a fini par dire oui, cette aventure avait déjà pris sept ans de ma vie. En attendant, j’ai donc acheté les droits de Rambo à Harvey Weinstein, qui m’a demandé si je voulais le tourner moi-même. À l’époque, je n’avais pas d’histoire, juste une petite idée de comment commencer. Mais je voulais avant tout faire Rocky. Finalement, la MGM a rejeté le film. Et puis on m’a dit OK si j'acceptais aussi de tourner Rambo avec un budget de 20 millions de dollars. J'étais heureux mais très inquiet. Je me disais que Rocky et Rambo, c'était trop… Ils m’ont alors juré qu’ils ne sortiraient pas les deux films en même temps. Ce qui m’a rassuré. J’ai fini par dire oui.

 

 

Sans Rocky, Rambo existerait-il ?

 

ST : non. Si Rambo 4 existe aujourd'hui, c’est grâce à Rocky 6. Lorsque j’ai interprété Rocky Balboa pour la première fois, j’ai connu le succès peut être un peu trop tôt. Ensuite, j'ai essayé pendant de nombreuses années d’être des personnages et de faire des films qui ne me correspondaient pas. Ni de près ni de loin. Depuis, j’ai appris qu’il fallait rester fidèle à soi-même, et plus que tout, fidèle à son public en ne reniant jamais ce qui vous a fait aimer de lui. Les gens apprécient Rocky et Rambo. J’aime aussi ces deux personnages et je me devais de respecter ça en faisant Rocky 6 et Rambo 4 le plus honnêtement possible.

 

 

Est-ce que cela signifie qu’Hollywood est incapable d’innover et de créer de nouveaux héros de cinéma, préférant miser sur d’énormes suites ?

 

ST : c’est lié. Le cinéma est une entreprise extrêmement risquée. Si vous voulez faire un bon film, il faut de bons acteurs, un bon scénario et un bon réalisateur. Les budgets sont de plus en plus importants et les producteurs ne s’embarrassent pas de considérations trop profondes. Ils prennent le minimum de risques. Et c’est plus dangereux financièrement de créer quelque chose de nouveau. Mais le système ne fonctionne pas si mal. Rendez-vous compte, grâce au succès d'un Spider-Man, vous pouvez produire une quinzaine de longs métrages. Vous avez besoin d'un énorme succès pour générer de l’argent et faire fonctionner le système pour qu’existent des films comme No Country for Old Men ou There Will be Blood. Le cinéma indépendant a besoin des blockbusters, et inversement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les blockbusters sont nécessaires à la diversité.

 

 

Pourquoi ne pas avoir installé l’intrigue de John Rambo en Irak ?

 

ST : parce que je pense que cela aurait été insultant et simpliste de montrer qu’un homme seul, John Rambo en l’occurrence, soit capable de sauver le monde. Au moment où nous sommes en train de parler, des gens meurent en Irak. Je ne pouvais pas faire une chose pareille. Le conflit en Irak est beaucoup trop complexe.

 

 

Cela a-t-il été difficile de tourner sans Richard Crenna (qui interprétait Trautman et décédé en 2003, NDLR) ?

 

ST : c’était dur. Tout comme lorsque j’ai tourné Rocky sans Burgess Meredith (Mickey dans les trois premiers Rocky, décédé en 1997, NDLR). Mais Rambo, c’est avant tout un homme seul. Dans la première version du script, j’avais écrit un rôle pour mon ami James Caan, un homme de la CIA nommé O’Gara. Il devait être le nouveau Trautman, un ex de la CIA très cynique chargé de recruter Rambo. Finalement, j’ai trouvé plus simple et mieux que Rambo soit tout seul jusqu’à la fin. Dans les flash-back, Trautman lui dit : « Ce n’est pas moi qui t’ai fait, tu es comme tu es : une machine à tuer ». C’est ça Rambo. Il extermine.

 

 

Avez-vous réussi à prendre du plaisir en tournant ce Rambo 4 après tant de rebondissements et dans de telles conditions ?

 

ST : si on fait abstraction des moqueries des autres quand j’ai annoncé que j’allais le faire et des supplications de mes proches qui m'imploraient de tout abandonner, ce fut un voyage fascinant. Au départ, c’est un jeune réalisateur qui était attaché au projet, car je voulais un regard neuf. Seulement, ce jeune garçon voulait parler d’Al Qaeda, de trafics en tous genres et de plutonium. Je lui disais, pourquoi ne pas faire simple et traiter de l’inhumanité de l’Homme ? Il a fini par quitter le navire et je me suis dit qu'il fallait que je le réalise moi-même en adoptant le point de vue de John Rambo.

 

 

Allez-vous finalement concrétiser votre projet autour d'Edgar Allan Poe ?

 

ST : je vais le faire, sauf si Tim Burton le réalise avant (rires). C’est un projet qui me tient à cœur depuis si longtemps que je me rends compte, toutes proportions gardées, que nous avons la même approche de la vie et des difficultés, surtout lorsqu’il faut assurer sa différence…

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