Les responsables du Département de la Défense des États‑Unis sont vent debout contre le nouveau film de Kathryn Bigelow, House of Dynamite, mis en ligne sur la plateforme Netflix vendredi dernier. Une note interne a même été diffusée le 16 octobre par la Missile Defense Agency (MDA) du DoD afin de « corriger des idées reçues, fournir des faits exacts et une meilleure compréhension » du système actuel.
Qui a le plus gros missile ?
Dans le film, il est indiqué que les défenses antimissiles actuelles afficheraient un taux de réussite de 50% pour intercepter des ogives entrantes, comme le missile ennemi censé anéantir Chicago dans le scénario.
La note affirme au contraire que les systèmes d’interception cinétique en service aujourd’hui ‑valant plusieurs milliards de dollars‑ ont « démontré un taux d’exactitude de 100% lors des essais depuis plus d’une décennie ». On peut toutefois s’interroger : pourquoi préciser avec insistance que le système a coûté plusieurs milliards de dollars ? C’est pour le moins inquiétant, comme si un prix élevé constituait un argument supplémentaire et irréfutable pour en valider le bon fonctionnement. Il est vrai qu’un système à plusieurs milliards qui ne fonctionne pas ferait mauvais effet, mais au final, pour celui qui prend un missile nucléaire sur la tête, l’essentiel est bien que le système fonctionne, pas combien il a coûté.
Comment Kathryn Bigelow a été conseillée pour House of Dynamite
Le scénariste du film, Noah Oppenheim, ancien patron de NBC News, a déclaré sur MSNBC qu’il « n’était pas d’accord, avec tout le respect dû, avec l’évaluation du Pentagone, ajoutant : Je me réjouis du débat. Je suis très heureux que le Pentagone ait regardé, ou regarde, et s’y intéresse, car c’est précisément la conversation que nous voulons avoir ».
Kathryn Bigelow et Noah Oppenheim ont indiqué que le film s’était appuyé sur « plusieurs conseillers techniques ayant travaillé au Pentagone », aucun n’appartenant toutefois à l’administration actuelle. Kathryn Bigelow a par ailleurs souligné avoir tenu le Pentagone à distance afin de préserver son indépendance.
Le président seul face à la prise de décision
Un point ne fait pas débat : on compte encore environ 12 300 armes nucléaires dans les arsenaux des neuf puissances atomiques, un volume suffisant pour détruire plusieurs fois toute forme de vie sur Terre, toutes taxes comprises ! Et en creux du film, une interrogation sur la fonction même de président le moment venu, bien seul malgré les armées de conseillers et tous les protocoles théorisés par les spécialistes depuis des décennies.
